Chaque printemps depuis six ans, Wesley Van Wychen renonce au confort de sa résidence d’Ottawa pour passer des semaines dans l’un des environnements les plus éloignés, inhospitaliers et étonnants de la planète : la calotte glaciaire de Devon (Nunavut), dans le Grand Nord canadien.
Van Wychen, doctorant de 29 ans et membre de l’équipe de recherche cryosphérique de l’Université d’Ottawa, est l’une des sommités mondiales des glaciers arctiques — leur mouvement et l’incidence du climat sur leur vitesse de mouvement. Les réponses à ces questions vont au-delà de la simple curiosité. Depuis longtemps, les scientifiques prédisent que la fonte des glaces arctiques fera monter le niveau de la mer — avec des conséquences éventuellement dévastatrices pour les communautés côtières — et les glaciers constituent une part importante de l’équation.
« Nous savons que l’Arctique canadien perd beaucoup de glace en raison de la fonte en surface et du ruissellement, mais nous ne savons pas exactement quel volume de glace se perd quand les icebergs se détachent des glaciers », dit Van Wychen. En mesurant la vitesse et l’épaisseur de quelque 40 glaciers qui se jettent dans l’Arctique, Van Wychen et son équipe ont pu évaluer la quantité de glace perdue dans les icebergs. Ces résultats seront utiles pour faire des prévisions du niveau de la mer.
Van Wychen s’intéresse beaucoup aux crues glaciaires qui se produisent quand un glacier perd son adhérence et glisse sur le flanc de la montagne. Des mesures d’un de ces glaciers ont révélé une augmentation du débit de 10 à 15 mètres par année à plus d’un kilomètre par année. Si le nombre et la fréquence des crues glaciaires augmentent, il en ira de même pour la quantité de glace qui s’écoule dans l’océan.
« Nous produisons des données de base qui seront utiles pour des prévisions futures », dit Van Wychen. « Mais nous n’avons pas suffisamment de données historiques pour affirmer avec certitude que le réchauffement climatique est responsable de l’augmentation du débit glaciaire. »
Entre-temps, il est rassurant de savoir que des chercheurs comme Van Wychen osent s’aventurer dans les confins des pôles terrestres pour arriver à mieux comprendre les répercussions éventuelles du changement climatique.
Voici le plus récent billet d’un blogue sur les questions polaires et la recherche connexe présenté par Canadian Geographic en partenariat avec la Commission canadienne des affaires polaires. Le Blogue polaire sera affiché en ligne toutes les deux semaines et certains billets seront publiés dans de prochains numéros du magazine. Pour de plus amples renseignements sur la CCAP, veuillez visiter
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