En 2014, des feux de forêt massifs ont balayé le sud des Territoires du Nord-Ouest, incinérant les forêts et détruisant les habitats fauniques sur une superficie de 5000 kilomètres carrés, forçant la fermeture de la route de Yellowknife et polluant l’air aussi loin que le sud de la Saskatchewan et du Manitoba. Ces événements, inscrits dans une tendance mondiale où la fréquence et la taille des feux de forêt augmentent, ont été pour la biologiste Suzanne Tank et ses collègues de l’Université de l’Alberta une occasion exceptionnelle d’étudier les conséquences les plus méconnues des feux de forêt nordiques : leurs effets sur les écosystèmes des cours d’eau et des lacs.
« L’eau dans les environnements aquatiques provient du paysage », dit Tank, dont les recherches sont financées en partie par Savoir polaire Canada. « Les précipitations s’écoulent sur le sol vers les cours d’eau et les lacs et transportent avec elles les caractéristiques du paysage. »
Le feu modifie le sol et brûle la couche de végétation qui isole le pergélisol, la barrière de glace qui maintient l’eau de ruissellement à la surface du sol. En l’absence de végétation, le pergélisol fond et l’eau de ruissellement pénètre le sol où elle capte des matériaux de sols plus profonds qu’elle transporte dans les cours d’eau.
Tank et ses collègues ont comparé de grandes zones brûlées et non brûlées, en examinant les moindres détails de l’eau dans les sols, ainsi que la chimie des sols. Ils ont découvert les plus grands changements – augmentation des nutriments et des ions, changements en matière de carbone organique et d’hydrologie (mode d’écoulement de l’eau à travers le paysage) – dans les zones brûlées.