Pour les Inuits de l’archipel Arctique, le narval et la baleine boréale sont des aliments traditionnels dont la chasse annuelle se fait quand leur parcours migratoire les mène près des communautés locales. Le maintien de cette pratique, bénéfique à la santé et au bien-être local, dépend de l’établissement de quotas d’exploitation durables et d’estimations précises de la population, une tâche qui incombe à Pêches et Océans Canada (MPO).
« Habituellement, nous approchions une communauté pour réaliser un relevé aérien des eaux avoisinantes », explique le chercheur Kevin Hedges de la Division de la recherche aquatique dans l’Arctique du MPO. « Nous nous retrouvions avec de nombreux clichés à assembler, mais comme les mammifères marins sont hautement migrateurs, nous ne savions jamais s’il s’agissait d’animaux relevés deux fois ou de populations différentes. »
Pour résoudre le problème, le MPO a incorporé le savoir inuit à son plan de recherche et, pour la première fois l’été dernier, a mené un relevé d’un mois de l’archipel Arctique du Nunavut. Basée à la baie Resolute et pilotée par Hedges, l’Étude sur les cétacés dans l’Extrême-Arctique comptait à bord de ses trois Twin Otters une équipe novatrice : des scientifiques observateurs des mammifères marins et des chasseurs inuits — experts chevronnés du comportement des mammifères marins — pour dénombrer les populations de narvals et de baleines boréales, ainsi que les bélugas, les épaulards et les phoques.
Le traitement des données n’est pas terminé — y compris l’analyse de quelque 120 000 photographies aériennes —, mais a déjà révélé des tendances inattendues. « Les observateurs ont été étonnés du nombre de grands groupes de narvals par opposition aux petits groupes », explique Hedges. « Nous avons aussi observé des épaulards plus au nord qu’à l’habitude, mais cela fait partie d’une tendance probablement issue du réchauffement océanique. »
Le MPO publiera les résultats et les recommandations sur les quotas d’exploitation en mars 2015. Ce travail témoigne de la collaboration entre les scientifiques gouvernementaux et les experts inuits — qui abordent chacun les connaissances à leur façon — pour mieux comprendre l’environnement et maintenir une tradition millénaire dans l’Arctique.
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