Environment

À quoi ressemble l’architecture durable dans l’Arctique?

La conception traditionnelle des bâtiments dans l’Arctique est en train de changer pour refléter la diversité géographique et culturelle de la région et pour donner plus d’autonomie aux habitants du Nord

  • Published Nov 29, 2021
  • Updated Jan 12, 2025
  • 774 words
  • 4 minutes
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Les logements dans l’Arctique ont généralement été construits selon les normes du Sud, sans tenir compte des besoins physiques et sociaux des habitants du Nord. Un mouvement croissant au sein de la profession du bâtiment espère changer cela. (Photo : Ginette Vachon/Club de photo de Canadian Geographic)
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Le paysage arctique étant vaste et varié, il serait logique que l’architecture de la région reflète sa diversité géographique et culturelle. Pourtant, jusqu’à récemment, ce n’était pas le cas. Afin de mieux représenter l’éventail des besoins des communautés et des modes de vie des habitants du Nord, de plus en plus de concepteurs et de constructeurs s’intéressent à la manière dont l’architecture arctique peut être rendue véritablement durable tout en résistant aux conditions climatiques extrêmes du Nord.

« La durabilité dans le Nord doit avoir une forte composante culturelle », déclare William Semple, architecte pour NORDEC Consulting and Design, qui travaille sur la science du bâtiment, la conception et l’engagement communautaire dans la région depuis près de 20 ans. « Il faut accorder autant d’importance à la durabilité culturelle qu’à la durabilité environnementale. »  

Le 25 octobre, M. Semple a animé et présenté un symposium sur l’architecture arctique durable organisé par l’ambassade du Danemark. Organisé au Centre de la géographie et de l’exploration du Canada, situé au 50, promenade Sussex, à Ottawa, le symposium a réuni des chercheurs de premier plan qui étudient les questions liées à la consommation d’énergie et à la décolonisation de l’architecture. Les présentateurs se sont concentrés sur les conditions actuelles, tout en tenant compte des changements climatiques, et ils ont expliqué comment l’architecture améliore et pourrait améliorer les conditions de vie des habitants du Nord.

Un sujet a particulièrement alimenté les discussions : l’utilisation de traditions de construction du sud dans le nord, une approche qui ne prend pas en considération les besoins physiques et sociaux des habitants de climats plus froids. « Tous les modèles de logement ont été basés sur ce qui se fait dans le sud et aucun n’est approprié à bien des égards », déclare M. Semple. Même les éléments de base, tels que les matériaux utilisés, le degré d’isolation et la qualité des portes et fenêtres sont inadéquats pour le climat extrême du Nord. 

Décoloniser la conception architecturale

L’architecture conventionnelle de l’Arctique a également échoué en ne reconnaissant pas que la majorité des habitants de la région sont des Autochtones et qu’ils ont des besoins différents en matière d’espaces pouvant accueillir leurs pratiques culturelles et leurs modes de vie. 

« Les maisons que nous avons conçues n’ont pas amélioré les relations avec les familles et n’ont rien fait pour relier les familles élargies », déclare M. Semple, ajoutant qu’il est important d’écouter la communauté lors de la conception des projets. Par exemple, dans la communauté inuite d’Arviat (Nunavut), les femmes ont fait part de leurs préoccupations concernant le manque d’espace de stockage pour des articles tels que les peaux d’animaux et l’absence de place pour les rassemblements communautaires dans les bâtiments existants. Pour résoudre ce problème, William Semple a modifié la conception des bâtiments pour y inclure une salle de couture pouvant être maintenue à une température plus fraîche pour l’entreposage des peaux et il a utilisé un plan d’étage ouvert mettant l’accent sur les espaces communs.  

Le panéliste Aaron Cooke, architecte de formation qui a passé la majeure partie de sa vie dans le Nord, a cerné cinq facteurs susceptibles d’améliorer la conception dans le Nord : la culture, les fondations, l’enveloppe, la logistique et le changement. 

« Il y a beaucoup de Nord différents et cela devrait se refléter dans notre architecture », a-t-il déclaré lors du symposium. S’appuyant sur la remarque de M. Semple concernant la nécessité d’un plan d’étage sensible à la culture, M. Cooke a expliqué que les valeurs culturelles peuvent s’y retrouver de manière subtile, ce qui suppose une certaine compréhension des personnes pour lesquelles vous construisez. Cette compréhension va au-delà de l’habitant de la maison et doit également tenir compte de l’endroit où celle-ci est construite. 

Dans le nord de l’Alaska, par exemple, 40 % des coûts totaux de construction sont liés au transport des matériaux. Ils doivent donc être sélectionnés en fonction de leur mode de transport et de leur provenance. En Alaska, une solution plus durable pour le chauffage hivernal pourrait consister à ajouter des bûches de bois à l’extérieur des maisons pour mieux les isoler plutôt que de brûler du mazout.  

En fin de compte, selon M. Semple, être à l’écoute des habitants d’une communauté permet de réaliser un projet plus approprié sur le plan culturel, plus durable et plus efficace sur le plan énergétique. Comme la science de la construction dans l’Arctique continue d’évoluer, ajoute M. Semple, le scénario idéal serait que les architectes, les ingénieurs et les concepteurs à l’origine des projets soient basés dans le Nord. « De cette manière, les travaux seraient réalisés par les habitants du Nord, pour les habitants du Nord, et il y aurait davantage d’architectes et d’ingénieurs autochtones. Cela ferait partie d’une bonne solution à long terme. »

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