Pour Christopher Buddle, biologiste de l’Université McGill (Montréal), un coin chaud de la toundra par une belle journée d’été est la définition du paradis. « Quand les conditions favorisent l’activité des insectes, c’est la manne », s’émerveille Buddle, qui vient de terminer une étude triennale sur les arthropodes couvrant douze sites dans les régions arctiques, subarctiques et boréales nordiques du Canada. « Certains jours, le soleil brille pendant 24 heures, les petites bêtes s’affairent et c’est un spectacle extraordinaire. Par une journée de printemps ou d’été, rien ne vaut la productivité de l’Arctique. »
Bien que la mégafaune, comme les ours polaires, les b?ufs musqués et les caribous constitue une icône de la faune arctique, Buddle note que se sont plutôt les insectes, les acariens et les araignées qui dominent la biodiversité nordique. Chaque année, pendant la courte saison de croissance, entre le dégel du printemps et le gel de l’automne, des milliers d’espèces d’arthropodes écoulent leur courte vie dans la frénésie. Cette abondance est connue des biologistes depuis longtemps, mais l’étude de 2010-2013 — réalisée conjointement par l’Université McGill et le Musée royal de l’Ontario — a tout de même produit des résultats étonnants. On a recensé plus de 300 espèces distinctes d’araignées dont certaines vivent dans le nord de l’Extrême-Arctique où elles survivent à l’hiver.
Toutefois, les chercheurs ont aussi fait une découverte moins réjouissante. Les simulies ont étendu leur territoire vers le nord, probablement à cause du réchauffement climatique. « Les mouches noires piqueuses constituent un véritable fléau et leur découverte sur des îles arctiques intéresse beaucoup les habitants du coin », dit Buddle.
Mis à part son caractère nuisible, cette activité dans la toundra chaude est essentielle à l’écosystème arctique. Les arthropodes servent de nourriture aux oiseaux, pollinisent les fleurs et recyclent la matière organique. Comment sont-ils touchés par le changement et comment changent-ils leur environnement? Buddle contribue à éclaircir ces questions. « Le changement climatique est comme une grande expérience », dit-il, « et nous devrons attendre un peu pour prendre la mesure de toutes ses conséquences. »
Voici le plus récent billet d’un blogue sur les questions polaires et la recherche connexe présenté par Canadian Geographic en partenariat avec la Commission canadienne des affaires polaires. Le Blogue polaire sera affiché en ligne toutes les deux semaines et certains billets seront publiés dans de prochains numéros du magazine. Pour de plus amples renseignements sur la CCAP, veuillez visiter
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