
History
L’histoire inédite de la Compagnie de la Baie d’Hudson
Une rétrospective des débuts de l’institution fondée il y a 350 ans, qui revendiquait autrefois une part importante du globe
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Loin dans les montagnes Selwyn et Mackenzie des Territoires du Nord-Ouest, un assortiment de vieil équipement de chasse est prisonnier des glaces, perdu ou jeté par des chasseurs qui pendant des millénaires ont gravi les pentes alpines jusqu’aux plaques glaciaires où le caribou se protégeait des chaleurs estivales et du tourment des insectes piqueurs.
Comme le réchauffement climatique fait fondre ces plaques, une nouvelle couche d’histoire se dévoile chaque été. L’archéologue Tom Andrews, de concert avec son équipe du Prince of Wales Northern Heritage Centre à Yellowknife, ainsi que leurs collègues de la communauté Shúhtagot’ine (Dénés des montagnes) de Tulita, recueillent, étudient et conservent ce trésor historique.
Presque chaque été, depuis plus de dix ans, Andrews se rend en avion à quelque 25 plaques glaciaires. Les aînés Dénés participent à l’étude depuis le début et leur expertise se révèle essentielle. « Quand nous avons commencé, nous pensions qu’il fallait analyser toutes les plaques glaciaires de la région, » explique Andrews, « même celles des sommets montagneux pointus dont l’accès est difficile ou dangereux. Mais les aînés savaient que leurs ancêtres auraient privilégié les sommets arrondis qu’ils pourraient gravir subrepticement par-derrière pour passer rapidement de l’autre côté et se rapprocher du caribou. »
Les archéologues des plaques glaciaires ne font pas d’excavations, ils recueillent plutôt des objets à la surface de la glace noircie par les déjections de caribous qui se dégagent au fur et à mesure de la fonte estivale. Les plus anciennes trouvailles sont des fléchettes, propulsées par un bâton de la longueur de l’avant-bras et dotées d’une poignée à une extrémité. L’effet de levier permet d’augmenter la vitesse et la portée des fléchettes.
« Les gens s’en servaient dans la région il y a au moins 6000 ans, » dit Andrews, « et probablement bien avant. »
Des données issues des plaques glaciaires démontrent qu’il y a environ 1200 ans, les arcs et les flèches ont soudainement supplanté les bâtons. « On soupçonne qu’une innovation technologique majeure a fait de l’arc un meilleur outil, » dit Andrews. « Dans tout le Nord-Ouest, les gens ont délaissé les lance-fléchettes. »
Protégés par la glace, les artéfacts sont remarquablement bien conservés. Andrews et son équipe ont trouvé des flèches avec une pointe de projectile dont le manche de babiche et les plumes étaient encore intacts.
« Il s’agit d’objets magnifiques, taillés avec des outils de pierre, dit-il. C’est vraiment étonnant de faire une telle découverte à 2100 mètres (7000 pieds) d’altitude qui, de surcroît, ressemble à un goujon acheté en quincaillerie. C’est un honneur de pouvoir découvrir ces objets issus du passé lointain. »
Un jour, alors que des étudiants et des aînés Dénés participaient à un camp, les chercheurs ont découvert un collet à spermophiles sur la plaque glaciaire.
« Or ce jour-là, les aînés enseignaient aux enfants comment fabriquer des collets à spermophiles, » se souvient Andrews. « De retour au camp, nous avons vu tous ces spermophiles qui avaient été piégés dans les nouveaux collets – et nous avions en main une version de cette même technologie fabriquée il y a 10 000 ans. Quel incroyable heureux hasard. »
L’archéologie des plaques glaciaires a considérablement rehaussé notre compréhension des technologies de la chasse.
« Nous ignorions, par exemple, à quel moment s’était faite la transition du lance-fléchettes au tir à l’arc – ou même que cette transition avait eu lieu, » dit Andrews. « Cela nous a permis de réécrire le manuel des technologies de la chasse dans le Nord-Ouest américain. »
Pour les Shúhtagot’ine, qui ont une conscience aiguë de leur propre histoire, cela a tissé un lien profond et significatif entre leur vie et celle de leurs lointains ancêtres.
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