History
L’histoire inédite de la Compagnie de la Baie d’Hudson
Une rétrospective des débuts de l’institution fondée il y a 350 ans, qui revendiquait autrefois une part importante du globe
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Le conflit semble souvent caractériser les relations entre les Premières nations et le gouvernement. Toutefois, il peut en être autrement. Depuis 30 ans, le professeur Frank Tough (Université de l’Alberta) étudie un exemple de coopération entre les autochtones et le gouvernement : le projet de repeuplement du rat musqué de Summerberry (1935-1965) a haussé la qualité de vie d’Indiens et de Métis inscrits désespérément pauvres vivant près de The Pas, dans le nord du Manitoba.
Le piégeage du rat musqué procurait depuis longtemps un revenu stable aux autochtones de la rivière Summerberry, dans le delta de la rivière Saskatchewan. Toutefois, dans les années 1930, le piégeage excessif par des non autochtones a fini par décimer la population. Les gouvernements fédéral et provincial sont intervenus en réservant environ 55 000 hectares d’habitat du rat musqué à l’usage exclusif des trappeurs autochtones. Des fonds fédéraux ont servi à la construction de barrages, de digues et de canaux pour stabiliser les niveaux d’eau et accroître la capacité portante de la région. L’intervention a connu un succès retentissant : entre 1937 et 1939, le nombre de huttes de rats musqués est passé de moins de 4000 à plus de 32 000.
La direction de la Chasse et de la Pêche du Manitoba a ensuite fixé des quotas et a embauché des autochtones comme trappeurs et gardes-chasse d’expérience pour superviser le piégeage, assurer l’application des règlements et lutter contre le braconnage.
Le gouvernement s’est aussi investi dans la vente de la ressource en court-circuitant les acheteurs locaux, comme la Compagnie de la Baie d’Hudson, en offrant directement les peaux à des encanteurs à Winnipeg. Grâce à cette intervention gouvernementale, les autochtones ont pu tirer le maximum en matière de valeur marchande, d’emploi et de revenu garanti.
« Les gouvernements se sont rendu compte que les Métis et les Indiens s’intéressaient à la ressource, et ils ont réagi en prenant des mesures concrètes plutôt qu’en recourant à une rhétorique creuse », affirme Tough. « Cela démontre que les gouvernements peuvent avoir de bonnes intentions et obtenir de bons résultats, particulièrement quand les autochtones participent directement à la gestion de la ressource. » Selon lui, c’est une leçon qui n’a peut-être jamais été aussi pertinente.
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