Depuis deux étés, Steve Kessel, stagiaire postdoctoral et spécialiste des requins, laisse son laboratoire de recherche à l’Université de Windsor pour les eaux glacées de la baie Resolute (Nunavut) afin d’étudier l’un des animaux les plus étranges et les moins bien compris du monde : le requin du Groenland.
Pouvant atteindre six mètres et peser plus de 1000 kilos, ce requin au museau aplati et à la peau épaisse est l’un des plus grands de sa famille. Peut-être vit-il le plus longtemps aussi : grandissant d’aussi peu qu’un demi-centimètre par an, il lui faut probablement 100 ans pour atteindre la maturité et il pourrait vivre jusqu’à deux cents ans ou plus, soupçonnent les scientifiques.
Si ces estimations sont justes, cela pourrait poser problème à l’avenir, car le réchauffement climatique ouvre les eaux du requin dans l’Arctique à une pêche commerciale accrue. « Si leur croissance est vraiment si lente et qu’ils vivent extrêmement longtemps, ils seraient grandement sensibles aux pressions de la pêche », dit Kessel. « Ils constituent déjà une prise accessoire importante au large de l’île de Baffin et le risque de déclin très rapide de la population est donc immense. »
Voilà pourquoi, notamment, les recherches de Kessel qui comptent la capture vivante de sujets et le suivi de leurs déplacements par marquage acoustique et satellite sont si importantes. « Nous voulons comprendre où se trouvent les populations de requins, leurs déplacements et leur taux de survie une fois pris au filet et relâchés comme prise accessoire », dit-il.
Il a déjà découvert que ce requin ne vit pas qu’en eaux profondes comme on le croyait auparavant. « Nous avons noté leur présence dans des eaux extrêmement peu profondes où ils remontent à la surface et s’échouent presque pour essayer d’attraper des carcasses de mammifères marins tués par des chasseurs inuits », dit-il.
La réduction des prises accessoires et d’autres atteintes écologiques fait partie de l’utilisation responsable des ressources. Une meilleure compréhension de la place du requin du Groenland dans le casse-tête écologique de l’Arctique nous aidera à atteindre cet objectif.
Voici le plus récent billet d’un blogue sur les questions polaires et la recherche connexe présenté par Canadian Geographic en partenariat avec la Commission canadienne des affaires polaires. Le Blogue polaire sera affiché en ligne toutes les deux semaines et certains billets seront publiés dans de prochains numéros du magazine. Pour de plus amples renseignements sur la CCAP, veuillez visiter
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