History
L’histoire inédite de la Compagnie de la Baie d’Hudson
Une rétrospective des débuts de l’institution fondée il y a 350 ans, qui revendiquait autrefois une part importante du globe
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La rencontre de dignitaires de groupes de Premières Nations du Canada et de tribus des États-Unis à Browning, au Montana, le 23 septembre 2014, pour signer un traité de coopération visant à assurer la restauration du bison dans les réserves et de cogestion des terres dans les deux pays, a été un événement historique. Après tout, la dernière signature d’un traité entre ces peuples remontait à plus de 150 ans.
L’accord, appelé Traité Buffalo, a réuni des membres de la Nation des Pieds-Noirs, la tribu des Blood, la Nation Siksika, la Nation Piikani, les tribus Assiniboine et Gros Ventre de la réserve indienne de Fort Belknap, les tribus Assiniboine et Sioux de la réserve indienne de Fort Peck, les tribus Salish et Kootenai de la Confédération des tribus Salish et Kootenai, la Nation TsuuT’ina et la Nation Nakoda.
Leroy Little Bear, membre de la tribu des Blood du sud de l’Alberta et professeur d’études autochtones américaines à l’université de Lethbridge, a assisté à la cérémonie de signature et discute ici de l’origine du traité, de ses défis, et d’autres sujets connexes.
D’où est venue l’idée de ce traité?
Nos aînés du pays des Pieds-Noirs, qui s’étend jusqu’aux États-Unis, parlaient depuis environ 2009 de la perte de culture, des jeunes qui n’apprenaient pas la langue, etc. Ces enjeux les inquiétaient. L’une des choses qui les préoccupaient était que le bison fait partie intégrante de notre culture; nous avons des histoires, des chansons et des cérémonies centrées sur le bison. Alors, ils ont dit : « Ne serait-il pas formidable si nos enfants et nous pouvions voir le bison tous les jours? » Actuellement, en ce qui concerne les bisons, c’est « loin des yeux, loin du cœur ». On entend une histoire ici et là, mais on ne voit aucun bison.
Nous avons eu de nombreux dialogues avec le bison. Symboliquement, nous lui avons laissé une place vide. Certaines des questions que nous pensions que le bison poserait étaient : « Pourquoi désirez-vous que je revienne? » « Vous vous êtes passés de moi et vous parvenez à survivre. » et « Si je reviens, est-ce que ce sera la même chose, ou apporterez-vous des changements à vos modes de vie? » À la suite de cela, nous nous sommes rendu compte que ce n’est pas le bison qui nous a quittés; c’est nous qui l’avons laissé. En conséquence, c’est à nous de revenir. »
À partir de ces « dialogues avec le bison », l’un de nos rêves a été de revoir des bisons circuler en liberté. Après avoir tous suffisamment parlé, nous nous sommes dits : « Faisons un autre pas en avant et voyons si nous pouvons réaliser ce rêve. » Ensuite, plutôt que de rester un petit groupe de gens qui parlent du bison, nous avons pensé que nous devions réunir nos tribus des deux côtés de la frontière pour conclure un traité de promotion et de restauration du bison. Le traité porte donc sur cela, mais c’est aussi un portail vers une coopération entre les tribus sur des enjeux comme la culture, l’éducation, l’économie, l’environnement et la santé — il couvre tous ces sujets. Si nous voulons que le bison soit de retour, nous devons nous assurer que l’environnement et tous les aspects écologiques sont tels qu’il sera capable de subsister.
Quels sont certains des défis rencontrés dans le cadre de la mise en œuvre du plan?
Nous sommes conscients que le plan ne se concrétisera peut-être pas de notre vivant, car il y a d’autres parties prenantes qui défendent d’autres intérêts, principalement les agriculteurs et les éleveurs. Nous ne tentons pas d’éliminer leurs activités, car ce n’est pas une approche exclusive. Nous voulons coopérer avec les agriculteurs, les éleveurs et le gouvernement. Ce ne sera probablement pas comme à l’époque où des millions de bisons circulaient en liberté, mais, du moins, j’espère qu’on les verra presque aussi souvent qu’on le souhaite.
Quelles sont les préoccupations des agriculteurs et des éleveurs?
L’une des principales préoccupations est qu’ils tiennent le bison responsable de maladies animales comme la brucellose. [La brucellose est une maladie bactérienne chronique et contagieuse qui touche des mammifères comme les bovins, les porcs, les bisons, les wapitis, les cerfs, les chèvres, les moutons, les chevaux et les autres ruminants, selon l’Agence canadienne d’inspection des aliments. Elle peut également être transmise aux humains par les animaux. – Ed.] En fait – et de nombreuses recherches ont été menées dans ce domaine – ce n’est pas vraiment le bison qui est responsable de la brucellose, mais plutôt d’autres animaux en liberté, comme les wapitis et les cerfs. Personne n’en parle jamais, mais ce sont les véritables porteurs de la maladie.
Il existe d’autres préoccupations, comme le fait que les bisons doivent être gardés dans des secteurs clôturés parce qu’ils ne respectent pas les lignes de clôture existantes et qu’ils peuvent facilement les traverser. C’est peut-être le cas, mais, d’autre part, si un troupeau de bisons est gardé dans un secteur semi-clôturé, une fois qu’ils ont donné naissance à des petits et les ont élevés, ils restent généralement dans ce secteur, même après le retrait des clôtures.
Il y a de réels défis pratiques, mais notre groupe en est conscient et nous voulons collaborer avec les autres, y compris les agriculteurs et les éleveurs. Je pense qu’il y a de la place pour les deux.
Devez-vous convaincre les agriculteurs et les éleveurs? Si c’est le cas, comment vous y prenez-vous?
Il y a déjà un bon nombre d’éleveurs de bisons ici dans le sud de l’Alberta et dans le Montana, alors ce n’est pas quelque chose de complètement nouveau. Certains propriétaires de grands troupeaux appuient fermement cette idée.
Et dans le cas des agriculteurs ou des éleveurs qui ne gardent pas de bisons?
Eh bien, à ce stade-ci, nous ne faisons que nous préparer, car c’est une idée nouvelle qui doit encore être développée. L’un des aspects sur lesquels nous allons de l’avant est de rencontrer de petits éleveurs dans la région.
Comment les parcs nationaux du Canada s’inscrivent-ils dans le plan de réintroduction du bison?
Nous pensons qu’il serait utile de travailler avec eux. Le parc national de Banff, par exemple, est en passe d’introduire des bisons en liberté. Le parc national Waterton et le parc national Glacier, au Montana, du côté américain, sont tous deux très intéressés, alors nous avons discuté avec eux afin de voir si nous pouvons collaborer pour faire progresser l’idée des bisons en liberté.
Alors, comment cela fonctionnerait-il? Comment vous y prendriez-vous pour réintroduire le bison en liberté dans la région?
Obtenir les bisons n’est pas un problème. Cela peut se faire pratiquement n’importe quand. Nous pourrions les obtenir du parc national du Canada Elk Island, qui compte une espèce de bison qui a déjà été naturellement présente dans le sud de l’Alberta et les états du Nord. Du côté américain, ils prennent leurs troupeaux dans le parc national de Yellowstone, lorsque des bisons doivent être abattus.
Donc, vous prendriez les bisons à ces endroits et les laisseriez aller en liberté? Est-ce aussi simple que cela?
Non, ce n’est pas aussi simple. Une fois qu’ils sont introduits, nous pourrions devoir les mettre dans un secteur semi-clôturé jusqu’à ce qu’ils s’habituent à ce paysage, à ce secteur en particulier.
Comment parlez-vous du Traité Buffalo à vos petits-enfants?
Je leur raconte des histoires sur le bison. Lorsque c’est possible, je les emmène avec moi. En route, nous nous arrêtons à un endroit en particulier et je leur raconte une histoire en disant : « Voici ce que j’aimerais que tu saches à propos de cet endroit ». Ma petite-fille, par exemple, pose des questions sur le traité. Elle a 11 ans et elle veut savoir à quoi il sert. Je lui donne les mêmes explications qu’à vous. Elle sait de quoi il retourne.
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