History
L’histoire inédite de la Compagnie de la Baie d’Hudson
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Comment l’évolution de la glace de mer dans l’Arctique affecte-t-elle le bien-être des ours polaires? Ce n’est qu’une des nombreuses questions auxquelles le biologiste Peter van Coeverden de Groot, de l’Université Queen’s, espère trouver réponse avec des techniques de recherche non invasives innovatrices. Les chasseurs inuits —souvent sceptiques face aux méthodes plus invasives de recherche sur l’ours polaire — sont disposés à laisser aux méthodes du chercheur la chance de faire leurs preuves, et ceux de l’Organisation des chasseurs et trappeurs de Gjoa Haven dans le détroit de M’Clintock travaillent avec lui pour réaliser l’étude.
Il y a plus d’une douzaine de populations d’ours polaires réparties à travers l’Arctique canadien. Outre celle de la baie d’Hudson, qui a été relativement bien étudiée, on sait peu de choses sur la plupart d’entre elles. Dans le passé, étudier les ours polaires signifiait habituellement l’utilisation de fléchettes tranquillisantes tirées depuis un hélicoptère, et bien que cela change peu à peu — avec le recours à des méthodes moins invasives comme le décompte depuis un avion et la prise de biopsies à l’aide de fléchettes — la couverture reste limitée à une information détaillée dans une zone de superficie relativement faible sur une période de deux ou trois ans. « Parce que la plupart des ours ne font l’objet d’aucune surveillance en tout temps, à cause des coûts que cela impliquerait, les chercheurs font beaucoup d’inférence à partir de peu d’information, », dit de Groot.
Les méthodes que le chercheur explore avec ses collègues chasseurs ne font appel ni à des aéronefs ni à des pistolets à biopsie. Au lieu de pister les ours, ils recueillent ce que ces derniers laissent derrière eux — poil, traces de pas et excréments.
Les chasseurs recueillent des échantillons de poil laissés dans des pièges appâtés avec de la viande de phoque et notent l’âge et le sexe en examinant les traces. Au laboratoire, l’analyse des poils vient confirmer le sexe et permet l’identification génétique d’individus. Avec une quantité suffisante de stations d’échantillonnage et de données génétiques provenant des excréments, de Groot peut estimer le nombre minimum d’ours vivant dans le secteur.
« Les excréments nous permettent de savoir ce que l’ours a mangé il y a six mois, trois mois ou lors de son dernier repas », explique de Groot. « Nous pouvons estimer le niveau de stress des ours en mesurant le niveau des hormones de stress. Nous pouvons établir des postulats sur leur état de santé par le recensement des maladies gastro-intestinales. »
Cette étude non invasive comporte aussi des avantages économiques pour la population inuite locale. Depuis 2001, la chasse sportive à l’ours polaire a été fortement réduite dans le détroit de M’Clintock. La chasse constituait une source de revenus précieuse pour les chasseurs qui travaillaient comme guides, et aucune autre activité ne l’a remplacée. Les techniques de recherche de Peter van Coeverden de Groot capitalisent sur les connaissances et l’expertise de l’ours polaire et de la glace de mer qu’ont les chasseurs inuits, et ces derniers sont rémunérés pour le temps passé à mettre cette expertise au service des chercheurs.
De Groot travaille à valider ses nouvelles méthodes et à en démontrer la validité, et cette phase des travaux est presque terminée. Avec ses collègues de Gjoa Haven, il espère que des études similaires seront aussi réalisées dans d’autres régions.
« Nous avons besoin d’une information plus complète sur l’ours polaire et nous avons besoin de nouvelles approches pour l’obtenir », dit-il. « C’est une façon différente de mener des études sur les ours polaires, qui s’appuie sur des chasseurs voyageant sur des motoneiges. Ce sont leurs connaissances et leurs efforts qui font que cela fonctionne. »
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