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Les secrets des collemboles de l’Antarctique
De minuscules collemboles en Antarctique renseignent les scientifiques sur des changements monumentaux concernant l’environnement
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L’Antarctique connaît les températures les plus froides de la planète et la pire météo, et on y retrouve les conditions de vie les plus isolées. Passer le long hiver polaire dans une station de recherche peut donc rendre la vie stressante, saper le moral et avoir des conséquences négatives sur le travail. Voilà pourquoi Peter Suedfeld, psychologue de l’Université de la Colombie-Britannique, cherche des moyens de réduire le stress.
Le stress prend plusieurs visages dans une station polaire. Il y a la peur de la maladie ou d’une blessure, loin de l’hôpital, où les vents forts, les basses températures, l’éloignement et la noirceur font que les évacuations médicales hivernales sont risquées. Il y a la monotonie de manger, de dormir, de travailler et de faire des loisirs au même endroit, avec les mêmes personnes, mois après mois.
« Si vous êtes coincés avec quelqu’un que vous ne pouvez absolument pas sentir, dit Suedfeld, tant pis! » Vous êtes coincés avec cette personne. Si quelqu’un loin de vous vous manque, tant pis! Vous êtes coincés là-bas sans cette personne. En plus, les stations polaires peuvent être des endroits très ennuyeux où vivre. Elles sont conçues pour minimiser les coûts de construction, plutôt qu’amuser et motiver les gens ou assurer leur confort. Et en raison des conditions météorologiques extrêmes, sortir dehors pour changer d’air peut être difficile, dangereux, voire impossible.
Dans ces conditions, dit Suedfeld, certaines personnes relèvent le défi en développant un esprit de solidarité et d’équipe. Alors que d’autres deviennent déprimées et changent de comportement. Le cuisinier d’une station s’est mis à servir des plats qui avaient mauvais goût à ses collègues après qu’une liaison amoureuse eut mal tourné; le groupe s’est révolté et lui a fait si peur qu’il s’est repris en main. En 1959, dans un cas extrême, à la station russe de Vostok, un scientifique a perdu les pédales après avoir perdu aux échecs et a assassiné son adversaire à la hache. Par la suite, les échecs ont été frappés d’une interdiction dans les stations polaires russes.
« Nous espérons trouver de meilleures façons de repérer un niveau de stress plus élevé afin de surveiller l’ajustement des gens à l’environnement antarctique », dit Suedfeld. En collaboration avec ses collègues européens, il cherche des indices dans des enregistrements de travailleurs antarctiques.
La station franco-italienne Concordia est l’un de ses sites de recherche. « Elle est très isolée, explique-t-il, il y fait très mauvais et la concentration d’oxygène atmosphérique est faible en raison de la haute altitude. Environ douze personnes y passent l’hiver. » Une fois par semaine, les membres de l’équipe lisent et enregistrent une nouvelle normalisée et un journal oral qu’ils envoient aux chercheurs par internet. « Mes collègues en Europe mesurent diverses caractéristiques de la parole, dit Suedfild, comme le débit de parole, la hauteur de la voix, et le volume et le nombre des hésitations qui pourraient révéler le niveau de stress. »
Suedfeld analysera le contenu des journaux : « J’examinerai les commentaires sur l’humeur et sur les collègues, les sentiments personnels sur la vie à la station, le mal du pays. Nous menons aussi une étude plus approfondie sur le processus cognitif relativement à la souplesse de réflexion, à la résolution de problèmes et à la motivation. D’autres recherches ont démontré que certaines personnes avaient plus de mal à résoudre des problèmes : par exemple, elles sont incapables de se souvenir de choses essentielles, elles agissent impulsivement. »
Pour réduire le stress et rendre la vie plus plaisante et confortable, Suedfeld souhaite exploiter ses résultats pour suggérer des changements aux procédures, aux environnements et aux interactions humaines dans les stations polaires pendant l’hiver.
La technologie de réalité virtuelle – comme dans Star Trek – pourrait faire partie de la solution, suggère Suedfeld. « On se dirige peut-être vers un environnement virtuel immersif complet, comme le Holodeck sur le USS Enterprise, mais évidemment en moins sophistiqué. Des environnements réalistes générés par ordinateur pourraient réduire le stress en permettant aux gens de se plonger dans un monde totalement différent, varié et excitant. »
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