Un réseau complexe de sentiers et de voies navigables sillonne la plaine Old Crow (Yukon), la terre ancestrale des Van Tat Gwich’in. Voilà les routes que cette Première nation nordique emprunte depuis des millénaires pour se déplacer sur le territoire, et aussi pour chasser, pêcher, piéger les animaux, cueillir baies et plantes, se rassembler et se rendre aux Territoires-du-Nord-Ouest et en Alaska pour visiter des parents et faire le commerce. Jusqu’à tout récemment, les cartes de la plupart de ces routes n’existaient que dans l’esprit de ceux qui les connaissaient, mais les Van Tat Gwich’in — qui depuis des années consignent méticuleusement leur patrimoine culturel — ont tout changé. L’ambitieux Projet sur les systèmes de navigation des Van Tat Gwich’in, en cours de réalisation, permet un accès facile à une masse de connaissances sur les routes.
L’anthropologue Shirleen Smith travaille pour les Vat Tan Gwich’in depuis plus de 15 ans. « Les habitudes et les modes de déplacement des gens ont changé avec le temps », explique-t-elle. « Les sentiers et les voies navigables sont importants, car ils permettent aux gens de se rendre à destination. Les aînés comprenaient que les connaissances sur bien des routes risquaient de disparaître, car la plupart des jeunes les ignorent. »
Sous la gouverne d’un comité patrimonial local, Smith et des chercheurs Van Tat Gwich’in ont commencé leur travail en 2011 en parlant aux experts. « Nous avons interviewé des aînés qui se rappelaient de routes abandonnées et des chasseurs actifs qui empruntent régulièrement les sentiers. Les personnes d’âge moyen et les plus jeunes, élevés par leurs grands-parents, étaient de bonnes sources de renseignements, car leurs grands-parents leur avaient transmis ce savoir. »
Les chercheurs ont ensuite parcouru les sentiers du début à la fin — à pied, en bateau, à motoneige ou en hélicoptère — en notant les coordonnées GPS, en prenant des photos et des vidéos, et en consignant les lieudits et les particularités importantes, comme les lieux de sépulture.
Quatre ans plus tard, on se retrouve avec 37 sentiers cartographiés, des centaines de photos, de longues listes de lieudits et des vidéos des sentiers. Des repères et des panneaux en Gwich’in et en anglais signalent maintenant les lieux importants et marquent le début et la fin des portages.
On rouvrira certains sentiers abandonnés, mais la forte croissance des arbustes, un effet des changements climatiques, rend la tâche ardue. « Il y a davantage d’arbustes maintenant », dit Smith. « Les sentiers délaissés sont rapidement envahis. Sur les sentiers, le long de ruisseaux, les saules et les aulnes deviennent si denses qu’ils entravent le déplacement. La réouverture d’un sentier est beaucoup plus difficile qu’avant. » D’autres sentiers où la nature a repris ses droits resteront intouchés, explique-t-elle. « Un grand nombre des sentiers pour traîneaux à chiens ne sont plus pratiques aujourd’hui, car les motoneiges ne peuvent les emprunter. Ils sont étroits et ponctués de montées et de descentes raides, particulièrement près des ruisseaux. Les chiens peuvent fouler ces accidents du paysage plus facilement que les motoneiges. »
Le succès des projets des Van Tat Gwich’in, dit Smith, témoigne de la qualité des membres du comité patrimonial et des aînés qui les ont précédés. « Ils veulent des renseignements précis pour eux-mêmes et font ce qu’il faut. Ils consignent leur patrimoine, non pas dans l’esprit d’un exercice savant, mais pour recueillir des connaissances vivantes et utiles. »
Voici le plus récent billet d’un blogue sur les questions polaires et la recherche connexe présenté par Canadian Geographic en partenariat avec la Commission canadienne des affaires polaires. Le Blogue polaire sera affiché en ligne toutes les deux semaines et certains billets seront publiés dans de prochains numéros du magazine. Pour de plus amples renseignements sur la CCAP, veuillez visiter
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