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Travel

Sur les traces de Louis Riel : de Regina à Winnipeg

One writer’s journey to explore the life of Louis Riel

  • Published Jun 07, 2019
  • Updated Dec 17, 2024
  • 1,542 words
  • 7 minutes
[ Available in English ]
Le Musée de Saint-Boniface Museum Expand Image
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Saskatoon, ma ville natale et actuelle, se trouve à une heure de route de Batoche, en Saskatchewan, où Louis Riel et les Métis ont fait une ultime résistance face à la colonisation et au racisme lors de la rébellion de 1885. La mère de ma grand-tante n’avait que huit ans lorsqu’elle a vu les soldats saccager la ferme de sa famille métisse à Batoche en 1885 (elle a vécu plus de 100 ans). C’est l’un de mes nombreux liens avec Louis Riel, un homme qui m’a toujours fasciné. J’ai donc récemment fait un pèlerinage à Regina, où le chef métis a été exécuté par le gouvernement canadien. Ensuite, je me suis rendue à Winnipeg, anciennement la colonie de la rivière Rouge et la ville natale de Louis Riel, où il a commencé sa lutte contre le sectarisme, le colonialisme et la gouvernance anglocentrique.

Je ne fais qu’un seul arrêt à Regina : le Centre du patrimoine de la GRC où, avec une autorisation spéciale, je suis guidée jusqu’au site où Louis Riel a été pendu le 16 novembre 1885, selon d’anciennes photos et d’anciens documents, car l’emplacement n’est pas indiqué de manière officielle. Néanmoins, c’est toujours un lieu de rassemblement pour ceux et celles qui se souviennent, en particulier à l’occasion de l’anniversaire de son décès. Le musée lui-même possède une petite collection d’objets, dont son livre de prières, son chapelet et les menottes utilisées sur lui, qui seront restitués à la nation métisse, probablement au musée de Saint-Boniface, qui abrite déjà un grand nombre de ses souvenirs. Je dépose un peu de tabac et mon coquelicot en perles sur le site de la pendaison, et je prends quelques photos.

L’emplacement approximatif de la potence où Louis Riel a été pendu en 1885, qui fait maintenant partie du Centre du patrimoine de la GRC, à Regina. (Photo : Cal Hills)
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Le coquelicot en perles de l’écrivaine déposé sur le site de la potence. (Photo : Cal Hills)
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À mon arrivée à Winnipeg, je m’installe à l’hôtel Inn at the Forks, situé de l’autre côté de la rivière qui sépare Winnipeg de Saint-Boniface et à proximité du nouveau Musée canadien pour les droits de la personne. Je rencontre Philippe Mailhot, mon guide et spécialiste des figures de la rébellion de la rivière Rouge, qui possède de vastes connaissances historiques. Ensemble, nous entamons une visite des quartiers métis de Saint-Boniface, de Saint-Norbert et de Saint-Vital.

Notre premier arrêt est au Musée de Saint-Boniface Museum, situé en face de la rivière Rouge, dans le quartier central de Saint-Boniface. Le musée est construit dans l’ancien couvent et l’ancienne école des Sœurs Grises, que Louis Riel et sa sœur Sara ont fréquentée. De nombreux objets ayant appartenu à Louis Riel y sont exposés aujourd’hui, notamment des mèches de cheveux, des morceaux de la corde avec laquelle il a été pendu, un plateau de jeu avec lequel il jouait en prison, son nécessaire de rasage et une partie de l’un de ses cercueils (il en a eu plus d’un : son corps a été transporté de Regina à Winnipeg en hiver et a été déplacé à plusieurs reprises avant d’être enterré à la cathédrale Saint-Boniface).

Près du musée se trouve la cathédrale Saint-Boniface, où Louis Riel est enterré aux côtés de nombreuses autres figures importantes de la communauté métisse, telles qu’Ambroise-Dydime Lépine, son commandant en second lors de la rébellion de la rivière Rouge. Philippe Mailhot et moi admirons les vitraux, les différents styles d’architecture et les statues avant de nous promener sur les lieux et de rendre un dernier hommage au cimetière. Des offrandes, telles que des cadeaux, du tabac ou du foin d’odeur, sont régulièrement déposées sur la dernière demeure de Louis Riel.

Plus haut dans la rue se trouve l’Université de Saint-Boniface, fondée en 1818. Il s’agit du plus ancien établissement d’enseignement postsecondaire de l’Ouest canadien, et que Louis Riel a fréquenté de 1854 à 1858. Aujourd’hui, le site abrite une statue controversée de Louis Riel, entourée de ses citations en français et en anglais. La statue elle-même dépeint sa vulnérabilité et ses tourments. À quelques rues de là se trouve le parc Lagimodière-Gaboury, situé sur l’ancienne propriété des grands-parents de Louis Riel, Jean-Baptiste Lagimodière et Marie-Anne Gaboury, où il est né. Un autre parc se trouve à proximité, soit le magnifique parc Elzéar Goulet, nommé en mémoire d’Elzéar Goulet. C’est un chef métis qui a été violemment tué lors de l’occupation militaire canadienne de la colonie de la rivière Rouge après l’exil de Louis Riel en 1872.

Nous nous dirigeons vers le sud le long de la rive, admirant la passerelle de l’Esplanade Riel. Alors que nous traversons la passerelle, j’aperçois une gravure sur le côté du pont qui illustre les origines culturelles, intégrant des enseignements autochtones et non autochtones. 

La cathédrale Saint-Boniface, où Louis Riel a été enterré au côté de chefs métis, dont Ambroise-Dydime Lépine, commandant en second de Louis Riel lors de la rébellion de la rivière Rouge. (Photo : Cal Hills)
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À Saint-Vital, au sud de Saint-Boniface, le long de la rivière Rouge, nous explorons le lieu historique national de la Maison-Riel, où se trouvait la maison de la mère de Louis Riel et où son corps a été transporté après son exécution en 1885. La maison a été préservée et entretenue, et on y propose des programmes tout au long de l’été, comme des activités traditionnelles et des démonstrations.

Nous nous rendons ensuite à l’intersection de Brady Road et de Bison Drive (encore en construction), connue sous le nom de Waverly West. C’est à cet endroit que, le 11 octobre 1869, Louis Riel et ses hommes ont arrêté le travail des arpenteurs afin que des négociations foncières puissent être entreprises entre les Métis et le gouvernement canadien. Depuis ces routes secondaires, on peut encore apercevoir les arbres délimitant les vestiges des longs lots riverains des Métis, malgré plus d’un siècle d’aménagement.

Nous longeons ensuite la rivière en direction du sud de Saint-Norbert pour visiter le site où les Métis ont barré la seule route menant au fort sur la piste de Pembina, de l’autre côté de la rivière La Salle. C’est à cet endroit qu’à la fin du mois d’octobre 1869, les Métis ont empêché les représentants du gouvernement canadien d’atteindre Upper Fort Garry. Nous visitons ensuite la Chapelle de Notre-Dame-du-Bons-Secours, une chapelle en plein air construite en reconnaissance de la résolution de la rébellion de la rivière Rouge, qui a conduit à l’Acte du Manitoba. La chapelle rend hommage à l’aide divine de la Vierge Marie, ayant permis une résolution relativement pacifique de la rébellion en 1869 et 1870. De l’autre côté de la rue se trouvent le monument Riel-Ritchot et l’église catholique de Saint-Norbert. C’est là que repose le père Joseph-Noël Ritchot, qui a joué un rôle clé dans les négociations avec le gouvernement canadien au nom des Métis. C’est également là que Louis Riel et d’autres Métis ont créé le Comité national des Métis au début d’octobre 1869, la première organisation gouvernementale nationale des Métis, ce qui a conduit à la création du Manitoba.

Le lieu historique national de la Maison-Riel, dans le quartier de Saint-Vital, où la maison de la mère de Louis Riel est préservée et où le corps de Louis Riel a été transporté après son exécution en 1885. (Photo : Cal Hills)
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Le lendemain, je passe la matinée au Musée canadien pour les droits de la personne, du côté de Winnipeg, près du pont Provencher. Je fais une visite guidée portant sur les Métis. La visite commence par une empreinte de pas vieille de plusieurs milliers d’années, découverte sur le site pendant la construction et encastrée au rez-de-chaussée, et se termine par une vue spectaculaire sur les rivières et le centre-ville de Winnipeg depuis le sommet de la Tour de l’espoir. Les points forts de la visite comprennent d’immenses panneaux de fleurs en broderie perlée commémorant les communautés métisses historiques détruites et déplacées, comme Sainte-Madeleine, une expérience liée aux réserves routières, ainsi que des installations artistiques des artistes métisses contemporaines Christi Belcourt et Sherry Farrell-Racette qui mettent de l’avant l’organisation politique et la résistance des Métis.

Après un délicieux repas de brochet frais dans la salle à manger du musée, je me rends au parc provincial patrimonial d’Upper Fort Garry. C’est à cet endroit que Thomas Scott a été exécuté sur ordre de Louis Riel, le 4 mars 1870, et où se trouvait le gouvernement provisoire de Louis Riel pendant la rébellion de la rivière Rouge. Les bâtiments ont disparu depuis longtemps, mais la porte d’entrée a été reconstruite à son emplacement d’origine. Sur le long du mur ouest, un écran à DEL, avec de la musique et des effets sonores, met en lumière une partie de l’histoire du fort, tandis que des parterres de fleurs délimitent les anciens emplacements de divers bâtiments. Je me rends ensuite au Musée du Manitoba, où la canne de Louis Riel est exposée de manière très visible dans la toute première salle d’exposition. Il y a d’autres objets exposés en lien avec les Métis, notamment une cabane en rondins. Mon guide me conduit dans un musée rempli d’objets qui me rappellent les visites que je faisais durant mon enfance.

Tôt le lendemain matin, je termine mon pèlerinage en consultant les archives du Manitoba et de Saint-Boniface. Je photographie d’immenses cartes illustrant les premières terres métisses le long de la rivière Rouge et je touche délicatement des souvenirs d’enfance de la famille Riel, tout en discutant d’histoire avec un archiviste métis manitobain. Je lis une lettre originale écrite par Louis Riel, dans laquelle il propose le nom de « Manitoba » pour la province (qui fait référence au Manitou, ou le Grand Esprit, dans les langues Nehiyaw [cri] et Anishinaabe [ojibwé], entre autres). C’est véritablement un privilège de toucher un tel morceau d’histoire. À Winnipeg, l’héritage de Louis Riel est omniprésent.

Une lettre écrite par Louis Riel suggérant des noms pour la province du Manitoba, aux archives de Saint-Boniface. (Photo : Cal Hills)
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Un grand merci à Voyage Manitoba, à Philippe Mailhot et aux autres guides des différents sites pour cette merveilleuse visite historique du Manitoba. 

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