Parmi le petit groupe de fonctionnaires fédéraux chargés du problème se trouvait Graham Rowley, un expert de l’Arctique chez qui les premières expériences dans le Nord au cours des années 1930 avaient allumé une passion pour l’Arctique et une amitié avec les Inuits qui se sont maintenues tout au long de sa vie. Rowley savait qu’une partie de la solution consistait à inciter les étudiants à bâtir leur carrière autour des questions nordiques – et que l’expérience de la recherche dans le Nord pouvait inspirer ce choix.
Pour les encourager à suivre cette voie, Rowley et ses collègues ont créé le Programme de formation scientifique dans le Nord (PFSN), qui aide les étudiants diplômés en sciences physiques, sociales ou de la vie à payer les frais de voyage et de subsistance dans le Nord. Le PFSN a été créé en 1962, administré par ce qui était alors appelé le ministère des Affaires du Nord et des ressources nationales.
Donat Savoie, étudiant en anthropologie à l’Université de Montréal, était parmi les étudiants qui ont bénéficié du PFSN durant ses premières années. En 1967, Savoie s’est rendu à Kangiqsualujjuaq, au Nunavik, où il a vécu dans une famille inuit qui l’a accueilli dans sa maison et dans sa communauté. « J’ai beaucoup appris sur le mode de vie des Inuits, leur mode de pensée, leurs valeurs et les défis quotidiens qu’ils doivent surmonter pour nourrir leur famille et se procurer les biens de première nécessité », raconte Savoie, qui a ensuite connu une brillante carrière en affaires nordiques au sein du gouvernement fédéral et joué un rôle de premier plan dans le développement de l’autonomie gouvernementale des Inuits au Nunavik.
Pippa Seccombe-Hett, étudiante en botanique à l’Université de la Colombie-Britannique, s’est rendue dans le Nord pour la première fois en 1995, grâce à une subvention du PFSN. « Ce fut un véritable catalyseur pour moi », dit-elle. « J’ai fait des recherches dans les trois territoires – et cette première expérience a entièrement influencé mon choix de carrière. » Seccombe-Hett est maintenant vice-présidente à la Recherche au Collège Aurora, à Inuvik, dans les Territoires du Nord-Ouest.
Depuis ses débuts, le PFSN (administré depuis 2015 par Savoir polaire Canada) a aidé plus de 12 000 étudiants. Presque tous les scientifiques du Nord au Canada, et plusieurs autres personnes qui travaillent dans des domaines touchant la nordicité au sein des gouvernements et des organisations autochtones et autres, ont obtenu leur première expérience nordique dans le cadre d’une subvention du PFSN.