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Science & Tech

Le plus grand cratère météorique découvert en dix ans révèle ses secrets

Une nouvelle méthode de cartographie des cratères d’impact pourrait même changer le mode de préparation des astronautes pour la lune et Mars
  • Dec 22, 2016
  • 659 words
  • 3 minutes
Researchers explore the Tunnunik impact crater in Canada's Arctic Expand Image
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Comme le désert polaire de l’Extrême-Arctique est dépourvu de sol et qu’il y a peu de végétation pour recouvrir le terrain, il s’agit de l’endroit idéal pour l’étude de la topographie ancienne. En 2010, des scientifiques explorant la péninsule du Prince Albert, sur l’île de Victoria près de la frontière entre le Nunavut et les Territoires du Nord-Ouest, ont fait une grande découverte : un cratère d’impact météorique massif jamais répertorié. Depuis, le géologue Gordon Osinski, Université Western (London, Ontario), et d’autres explorent ce qui s’appelle maintenant le cratère Tunnunik pour sonder ses roches et mettre au jour des secrets sur la Terre et les autres planètes. 

Quand une grosse météorite s’écrase sur la Terre, elle crée de profondes fissures dans le sol, permettant à l’eau de circuler à travers la roche dans la croûte terrestre chauffée par l’impact. La chaleur et la pression poussent l’eau vers la surface, où celle-ci émerge sous la forme d’une source thermale. 

« Dans un environnement hostile, les sources thermales peuvent constituer un refuge pour la vie microbienne, dit Osinski. Cette vie microbienne se trouve là où la vie sur Terre aurait peut-être pris naissance – et là où la vie sur Mars a peut-être aussi commencé. » 

Osinski, qui étudie Tunnunik depuis 2012, explique qu’il fallait d’abord réaliser la cartographie géologique et l’échantillonnage pour répondre à des questions essentielles, notamment sur la taille du cratère et le moment de sa formation. « Nous utilisons les données satellitaires pour nous aiguiller vers des lieux éventuellement intéressants, particulièrement des zones qui auraient pu jadis compter des sources thermales appelées “sources thermales fossiles”, car elles n’auraient été actives que pendant environ 100 000 ans », dit-il. Les chercheurs arrivent par avion, explorent les lieux et recueillent des échantillons rocheux aux fins d’analyse à très fort grossissement en laboratoire. « Nous passons d’une échelle kilométrique, avec les images satellitaires, à une échelle microscopique, avec des échantillons qui sont mesurés en nanomètre. » 

La force cataclysmique d’un grand impact météorique, comme celui du cratère Tunnunik il y a plus de 100 millions d’années, laisse derrière elle des signes révélateurs appelés « cônes de percussion » qu’utilisent les géologues pour évaluer le diamètre d’un cratère. Comme ceux-ci sont faciles à repérer dans un désert polaire, Osinski et son équipe ont pu produire la carte de cônes de percussion la plus détaillée jamais vue. « Nous avons démontré que Tunnunik fait 28 kilomètres de diamètre, dit-il, ce qui est un gros cratère. De plus, grâce à nos résultats, nous avons créé une formule pour améliorer l’estimation du diamètre de plusieurs autres cratères sur la planète. » 

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Un exemple de l’un des cônes de percussion dans le cratère Tunnunik. Ces empreintes géologiques aident l’équipe de Gordon Osinski à réaliser la carte des cratères la plus précise jamais créée. (Photo : Gordon Osinski)

Selon Osinski, ces recherches nous aident à mieux comprendre l’histoire géologique d’objets célestes, comme la lune, Mars et Mercure, là où les cratères d’impact météoriques sont des figures dominantes. Les travaux d’Osinski sont en lien direct avec l’exploration spatiale : l’astronaute canadien Jeremy Hansen a participé aux expéditions d’exploration du cratère. « Il était là pour acquérir des connaissances en géologie, dit Osinski, et aussi pour participer à une expédition dans un environnement isolé et apprendre comment sonder un endroit inexploré. Son expérience au cratère d’impact Tunnunik sera utile pour les astronautes canadiens qui iront sur la lune, sur Mars ou sur d’autres objets célestes du système solaire. » 

Voici le plus récent numéro d’une série de blogues portant sur les questions polaires et la recherche connexe présentée par Canadian Geographic et Savoir polaire Canada, un organisme du gouvernement du Canada qui vise à approfondir les connaissances du Canada relatives à l’Arctique et à fortifier le leadership canadien en ce qui concerne la technologie et la science polaires. Pour en apprendre davantage, visitez canada.ca/fr/savoir-polaire.
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