Du point de vue géologique, la Nouvelle-Écosse ne tient qu’à un fil. L’isthme de Chignecto, une étroite bande de terre qui relie la province maritime à l’Amérique du Nord continentale, ne mesure que 24 kilomètres de large à son point le plus étroit et environ 25 kilomètres de long – un territoire composé de terres humides, de forêts et de zones littorales où se côtoient corridors de transport, activités industrielles et collectivités. Et à mesure que l’empreinte humaine s’accroît, l’intégrité des espaces naturels et les liens qui les unissent sont en train de disparaître.
L’isthme se trouve dans la région de Siknikt (qui signifie « bassin versant ») de Mi’kma’ki, le territoire ancestral des Mi’kmaq. Ses terres humides, y compris les estrans, les marais d’eau salée et les zones humides boisées à l’intérieur des terres, sont appréciées par les oiseaux de rivage migrateurs et une grande variété d’espèces d’oiseaux en péril, telles que la paruline du Canada. L’isthme est également le seul corridor reliant la population continentale d’orignaux de la Nouvelle-Écosse, menacée d’extinction, au reste de l’Amérique du Nord. Aujourd’hui, un grand nombre de ces terres humides ont été perdues au profit de l’agriculture et une vaste étendue de la forêt acadienne a été exploitée. Les tours de communications et les lignes électriques mettent en danger les oiseaux migrateurs, tandis que les autoroutes constituent un risque pour les orignaux et autres mammifères migrateurs. Une grande partie des espèces sauvages de l’isthme s’est retrouvée piégée dans des zones naturelles isolées, incapable de circuler librement entre elles.
Parcs Canada a identifié Chignecto comme l’un des 23 endroits prioritaires au pays où il est urgent de restaurer et de conserver la connectivité écologique. Une coalition de groupes voués à la conservation de la nature, de peuples autochtones, de scientifiques et de citoyens, le « Chignecto/Sikniktewaq Partnership », travaille à la réalisation de cet objectif. Elle passera l’année à étudier la connectivité de la région, qu’il s’agisse de surveiller les trajectoires de vol des oiseaux, d’étudier les passages fauniques sur les autoroutes ou de discuter avec les propriétaires fonciers qui détiennent la majeure partie des terres de la région. Une nouvelle aire protégée et de conservation autochtone est en cours d’élaboration. Il s’agit d’une collaboration entre Conservation de la nature Canada et les Mi’gmaq d’Amlamgog (Fort Folly) en vue d’acheter jusqu’à 81 hectares de terres sur l’isthme. Kelsey Butler d’Oiseaux Canada, le groupe qui dirige l’initiative, explique que l’objectif est de trouver un équilibre entre les utilisateurs humains et non humains du territoire.
Les enjeux sont importants, mais les liens entre les collectivités, les organisations, la faune et les habitats naturels permettront, espérons-le, de renforcer ce lien écologique vital.