History
150th anniversary: the Nine Hour Movement and adoption of the Trade Unions Act
Understanding the workers’ protests that paved the way for the creation of unions to advocate for workers’ rights
- 1150 words
- 5 minutes
Il y a environ 150 ans, un mouvement ouvrier international a trouvé un terrain fertile au Canada, où de nombreux ouvriers industriels travaillaient régulièrement 12 heures par jour, six jours par semaine. Entre janvier et juin 1872, de nombreux travailleurs sont descendus dans la rue pour réclamer des heures de travail plus courtes, dans ce qui est devenu le Mouvement des neuf heures. L’agitation ouvrière a joué un rôle déterminant dans l’adoption par le Parlement de la Loi sur les syndicats le 14 juin 1872, légalisant la formation de syndicats pour défendre les droits des travailleurs.
Cet article fait partie de Commémorons le Canada, un programme de Patrimoine canadien visant à souligner les anniversaires canadiens importants. Il donne à Canadian Geographic l’occasion de se pencher sur ces moments historiques avec un regard parfois de célébration, parfois critique.
En 1872, le Canada était une nation agricole avec une poignée de villes où les usines envoyaient des panaches de fumée dans le ciel et où les locomotives manœuvraient des wagons couverts dans des cours de triage au centre des villes. Dans ces milieux, les gens vivaient pour leur travail. Ils n’avaient pas le choix, car la semaine de travail typique était de 70 heures.
Les nouvelles usines accaparaient presque chaque minute de la vie d’un travailleur, sauf le dimanche — le sabbat chrétien.
Les travailleurs canadiens ont été plus lents à se syndiquer que leurs confrères britanniques et américains. Le Canada était un petit pays où les employeurs pouvaient facilement tenir et partager des listes noires de fauteurs de troubles. Et le gouvernement était toujours là pour utiliser la force contre les travailleurs qui dépassaient les bornes.
Pourtant, les artisans écossais et anglais immigrés qui sont arrivés dans les années 1850 ont apporté avec eux la conviction de la valeur des syndicats, même si ceux-ci étaient encore illégaux au Canada. C’est ainsi que le mouvement syndical a pris de l’ampleur dans les années 1860, avec des travailleurs qualifiés et semi-qualifiés comme les cordonniers, les typographes, les cigariers et d’autres artisans difficiles à remplacer qui se sont organisés pour essayer d’obtenir de leurs patrons de meilleures conditions de travail et de rémunération.
L’agitation en faveur d’une journée de travail plus courte – huit heures, cinq jours par semaine, avec quelques heures de plus le samedi matin – a commencé à New York dans les années 1860 et s’est étendue au Canada au début de la décennie suivante. Au Canada, les organisateurs n’ont pas exigé autant que leurs homologues américains. Ils suivaient les revendications des travailleurs britanniques pour une journée de neuf heures.
Pour contrer les allégations selon lesquelles ils étaient des fauteurs de troubles cupides, les organisateurs ont affirmé qu’une journée de neuf heures, avec le samedi après-midi de congé, était nécessaire pour « l’amélioration morale, sociale et intellectuelle » des travailleurs, selon Craig Heron, professeur émérite d’histoire du travail à l’Université York et expert des premiers syndicats de l’Ontario.
Le Mouvement canadien des neuf heures a été fondé le samedi 27 janvier 1872, au Mechanics Institute de Hamilton. Mais avant même de sortir de l’ombre, le mouvement couvait depuis des mois, les organisateurs tenant des réunions privées à leur domicile.
Le Mouvement des neuf heures a commencé fort : les réunions publiques ont attiré des foules dans des salles sans sièges. Au début, le mouvement avait le soutien d’au moins un ministre méthodiste influent et même de certains commerçants (ils espéraient qu’une semaine de travail laissant aux ouvriers spécialisés du temps libre le samedi après-midi entraînerait une augmentation des ventes du samedi).
Très vite, le mouvement connaît son premier succès : un propriétaire de chemin de fer de Hamilton accepte de laisser ses employés partir à 14 heures le samedi. James Ryan, un ingénieur du Great Western Railway, devient le leader des travailleurs de Hamilton. Il a diffusé le message et a essayé de créer un mouvement plus large visant à obtenir le même accord pour tous les travailleurs, en utilisant la grève si nécessaire.
Les travailleurs de Toronto, menés par J.S. Williams, un leader du syndicat des typographes, ont été un peu plus lents à rejoindre le mouvement. La Toronto Typographical Union, qui sera, pour le siècle à venir, l’un des syndicats les plus radicaux de la ville, a pris la tête du mouvement et a exclu les travailleurs non syndiqués. La première réunion du Mouvement des journées de neuf heures a eu lieu le 14 février 1872. Plutôt que de discuter, comme ils l’avaient fait à Hamilton et à Brantford, des avantages des semaines plus courtes pour les résultats des détaillants locaux et des avantages sociaux de donner plus de temps libre aux travailleurs, les dirigeants syndicaux de Toronto ont utilisé leur plate-forme pour dénoncer le capitalisme.
Alors que la nouvelle du mouvement se répandait, les organisateurs ont planifié de grandes grèves à Hamilton, Toronto et Montréal à la fin du mois de mai et au début du mois de juin. Les grèves devaient être organisées de telle sorte que les travailleurs en grève puissent être soutenus par les personnes qui travaillaient encore.
Mais l’organisation était faible à Toronto, où il n’y avait pas de consensus au sein de la direction en raison de différends entre les ouvriers d’imprimerie, qui ont sauté le pas en décidant de se mettre en grève sur-le-champ pour réclamer des augmentations de salaire. Ils ont quitté le travail à la fin mars. Comme l’activité syndicale était encore criminelle, George Brown, père de la Confédération, chef libéral et propriétaire du Globe, a rapidement fait arrêter pour conspiration 27 chefs de grève du comité de vigilance des imprimeurs du Syndicat des typographes.
Trois semaines après que Brown ait fait son coup, le gouvernement conservateur de Sir John A. Macdonald – un féroce rival politique de Brown – intervient pour promulguer la Loi sur les syndicats, qui, pour la première fois, rend les syndicats légaux au Canada. Macdonald a même financé le journal du mouvement, Ontario Workman.
Pourtant, malgré tout son succès initial, la grève des imprimeurs de Toronto avait épuisé la quasi-totalité des ressources financières du mouvement syndical de la ville. Les employeurs, qui n’ont eu aucun mal à réunir des fonds, se sont organisés pour lutter contre la journée de neuf heures.
Pendant ce temps, les grèves de mai dans les autres villes se sont déroulées comme prévu. Hamilton a connu sa première grève pour une journée de neuf heures et une semaine de travail écourtée. Environ 1 500 travailleurs ont défilé devant leurs usines et ateliers. Des membres du public les ont acclamés. Bien que les travailleurs n’aient pas vu leurs revendications satisfaites, le mouvement s’est renforcé tout au long du printemps. Les travailleurs de Montréal ont envoyé de l’argent pour aider les grévistes de Hamilton. Mais comme les travailleurs de Toronto n’ont pas respecté le plan initial selon lequel ils devaient débrayer le 1er juin, les grévistes de Hamilton ont commencé à retourner au travail. Les plans pour une grève à Montréal ont fait long feu.
Les cheminots ont été les seuls à obtenir des semaines de travail plus courtes. Bon nombre des travailleurs spécialisés qui avaient mené le Mouvement des neuf heures ont décampé vers les États-Unis, où les syndicats avaient connu plus de succès.
La Canadian Labor Protective and Mutual Improvement Association, formée par les dirigeants du Mouvement des neuf heures, a cédé la place à la Canadian Labor Union, formée en avril 1873.
À ce moment-là, le Canada était plongé dans une « Grande Dépression » qui allait durer tout le reste du siècle. Le pouvoir passe aux mains des employeurs, qui auront le dessus jusqu’à la Première Guerre mondiale. Ils ont dû faire face à d’importantes actions syndicales comme la grève générale de Winnipeg en 1919.
Mais le Mouvement des neuf heures et la Loi sur les syndicats avaient rendu les syndicats possibles au Canada. Au cours des décennies suivantes, les gains du mouvement syndical au Canada ont été bâtis sur ces fondations.
History
Understanding the workers’ protests that paved the way for the creation of unions to advocate for workers’ rights
History
Un aperçu de la formation de la province « timbre-poste », présenté par une carte de 1871
History
Une rétrospective des débuts de l’institution fondée il y a 350 ans, qui revendiquait autrefois une part importante du globe
People & Culture
Le 27 juillet 1953, un armistice a été signé, mettant fin aux effusions de sang de la guerre de Corée – mais pas à la guerre elle-même. Depuis, des questions ont été soulevées quant à la commémoration du conflit au Canada et ailleurs.