People & Culture
Honouring the 100th anniversary of the birth of Jean Paul Riopelle
A revered artist, Riopelle considered the Canadian wilderness to be his muse
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Jean Paul Riopelle aimait bien mettre la main – et les dents – sur une oie des neiges. Il chassait les oies, les ramenait chez lui, plaçait les cadavres sur la toile et peignait à la bombe autour d’eux pour créer des images fantomatiques. Ensuite, il les cuisinait et les mangeait. Les oies sont représentées de façon spectaculaire dans l’œuvre maîtresse de Riopelle, L’Hommage à Rosa Luxemburg, un triptyque de plus de 40 mètres de long, si plein de mouvement qu’on l’imagine s’envoler du mur du Musée national des beaux-arts du Québec, à Québec, et franchir la porte dans une cacophonie de cris d’oiseaux.
Les oies apparaissant si souvent dans son œuvre, certains critiques d’art ont pensé qu’il pouvait s’agir d’autoportraits ou d’une sorte de totem. Mais l’artiste Bonnie Baxter affirme que Riopelle a intégré ces oiseaux dans ses œuvres pour la simple et bonne raison qu’ils étaient à sa portée. Baxter connaissait bien Riopelle puisqu’il a travaillé avec lui pendant près de dix ans en tant que maître d’œuvre de toutes ses gravures. « Il aimait la nature, et il y a beaucoup d’oies ici, car elles survolent la région, explique-t-elle. La nature et la vie sauvage ont toujours fait partie de tout ce qu’il faisait. »
En 2023, année du centenaire de sa naissance, l’amour de Riopelle pour la faune et la flore du Canada fait l’objet de multiples expositions d’art partout dans son Québec natal, ainsi que d’une rétrospective au Musée des beaux-arts du Canada, à Ottawa, dans le cadre d’un événement qui associera l’œuvre de Riopelle à celle de ses contemporains. D’autres expositions auront lieu cet été, notamment à la Galerie Montcalm, à Gatineau, au Québec, qui présentera des gravures d’animaux, d’oiseaux et de plantes, ainsi qu’à la bibliothèque de Montmagny, une ville québécoise proche de la minuscule Isle-aux-Grues, sur le fleuve Saint-Laurent, où Riopelle a vécu ses dernières années en peignant et en observant les oies qui allaient et venaient autour de l’Île-aux-Oies, située à proximité.
Au fil des ans, Jean Paul Riopelle est devenu une figure mythique dans sa province natale, le Québec, où les Québécois sont éblouis à la fois par son succès international et par sa réputation d’« homme sauvage », déclare Michel Cheff, commissaire de l’exposition de la Galerie Montcalm, qui ajoute : « Il représente le véritable mythe de l’artiste. » Les histoires sont légion, y compris celle où l’artiste aurait jeté quelques-unes de ses précieuses peintures dans le foyer d’une résidence parisienne – après avoir bu quelques verres, bien sûr – parce qu’il n’avait plus de bois pour entretenir le feu.
La notoriété de Riopelle a pris son essor dans les années 1940 au Canada et en France, où il a vécu pendant trois décennies. Au Canada, il rejoint le mouvement des Automatistes, un groupe d’artistes québécois dont le manifeste anti-establishment de 1948, intitulé Refus Global, est considéré comme ayant contribué au lancement de la Révolution tranquille au Québec.
Bien que son œuvre englobe de nombreux styles, les grandes mosaïques abstraites qui sont la marque de fabrique de l’artiste sont ses pièces les plus connues, la peinture à l’huile étant étalée sur des toiles massives à l’aide d’un couteau à palette. Ce sont les œuvres de Riopelle qui se vendent pour des millions de dollars chacune, qui sont chéries par l’establishment artistique et qui sont exposées dans de nombreux musées d’art du monde occidental. En France, on se souvient de ces peintures comme de l’œuvre du « trappeur supérieur », surnom qu’André Breton, peintre surréaliste français, avait donné à Riopelle. En effet, Riopelle n’aimait rien de plus que d’être dans la nature, de pêcher et de chasser. Il s’est refait une réputation de Canadien rustre, bien qu’il soit en réalité le fils d’un riche architecte montréalais.
Au fil des ans, Riopelle a passé de plus en plus de temps au Canada, pour finalement s’installer définitivement en 1989 à Sainte-Marguerite-du-Lac-Masson, dans les Laurentides, au Québec. Mais même lorsqu’il vivait, peignait et faisait la fête en France, il se rendait fréquemment au Canada, au Québec et dans l’Arctique, pour s’imprégner de la nature sauvage.
Au fur et à mesure que Riopelle vieillit, son art devient de plus en plus un mélange d’abstrait et de figuratif, les figures étant le plus souvent des animaux et des oiseaux. Au total, l’artiste prolifique a créé environ 6 000 peintures et gravures uniques.
Riopelle décrit sa technique comme un « élan vers la nature ». Il a expliqué qu’il ne cherchait pas à imiter la nature, mais à créer un nouveau langage visuel dérivé d’elle. Il en résulte des oiseaux et d’autres animaux très stylisés et reconnaissables, mais intégrés dans un monde abstrait. « Il capte l’essence des choses », souligne M. Cheff.
Ces représentations d’animaux sauvages sont à prendre au pied de la lettre, ajoute le commissaire. Il n’y a pas de signification ou de message caché. Il s’agit simplement d’une célébration de la nature vue et ressentie par « le trappeur supérieur ».
This story is from the July/August 2023 Issue
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