J’ai toujours été curieuse de connaitre mon ascendance familiale – qui sont-ils, d’où sommes nous partis, quand nous sommes-nous installés ici, à quoi ressemblait la vie d’alors? Une famille de pionniers chinois, qui a participé à la construction du chemin de fer du Canadien Pacifique et qui a payé la taxe de capitation, aurait-elle pu envisager une famille élargie comprenant des descendants finlandais, ukrainiens, hongrois, autochtones, philippins, néerlandais, allemands, noirs, britanniques, irlandais, écossais ou juifs? Alors que je grandissais dans le nord de la Colombie-Britannique, c’est la famille que je connaissais.
Pour en connaitre davantage sur les dimensions multiethniques, raciales et culturelles de ma famille, j’ai étudié avec Robert F. Harney, historien des communautés ethniques et des migrations à l’Université de Toronto. En entrant dans le foyer de la grande demeure victorienne où il donnait ses cours et qui abritait la MHSO, je n’avais aucune idée du rôle essentiel que la MHSO jouerait dans la formation de ma vision du monde et dans mon cheminement sur le terrain du multiculturalisme.
En 1976, neuf ans avant la promulgation de la Loi sur le multiculturalisme canadien (la loi de 1985 était un résultat direct de l’énoncé de politique de Trudeau), Harney, ainsi que les professeurs Milton Israel, Frank Iacobucci (qui deviendra plus tard juge à la Cour suprême du Canada), Harold Troper et d’autres collègues ont fondé la MHSO. Ce groupe de visionnaires était convaincu que la chronique des histoires des migrants, des communautés ethniques et des Autochtones était essentielle pour comprendre le Canada au XXe siècle et au-delà.
Le MHSO reconnaissait que l’écriture et l’archivage audiovisuel de l’histoire pouvaient être aussi variés et englobants que la vie quotidienne des gens. Harney, son dirigeant académique, a noté que les archives historiques des migrants eux-mêmes présentaient «… une chance de redonner une articulation à des gens qui avaient été articulés en leur temps, mais qui, sans qu’il y ait eu faute de leur part, avaient été perdus pour l’histoire et leurs descendants parce qu’il n’y avait pas assez d’intérêt pour préserver ces archives qui pouvaient leur redonner une importance dans notre histoire ».