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Science & Tech

Un projet au Labrador associe connaissances locales et nouvelles technologies pour rendre les déplacements sur la glace plus sûrs

  • Apr 06, 2016
  • 718 words
  • 3 minutes
Un capteur SmartICE dans la glace marine près de Nain au Nunatsiavut. (Photo: Trevor Bell)
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À Nain, au Labrador, un nouveau projet associe l’expertise de la glace des chasseurs inuits et des technologies évoluées pour des déplacements sur la glace plus sûrs en cette ère de changement. C’est aussi l’occasion pour les jeunes de prendre part à la science.

Pour les Inuits, la glace de mer est une autoroute, un lien essentiel vers les aires de chasse d’où ils tirent le gros de leurs aliments traditionnels. Au Nunatsiavut, la région inuite du Labrador, les gens se déplacent aussi sur la glace pour ramasser du bois de chauffage. Ils empruntent des routes établies par leurs ancêtres qui ont résisté à l’épreuve du temps – jusqu’à récemment.

Les hivers arctiques plus chauds des dernières années ont apporté de mauvaises surprises, y compris de la glace dangereuse à des endroits inattendus. « La glace est plus mince, se forme plus tardivement et se rompt plus tôt qu’avant. », dit Trevor Bell, professeur de géographie à l’Université Memorial de Terre-Neuve. « Les déplacements sur la glace peuvent être plus dangereux, car les connaissances locales des routes traditionnelles – d’après les conditions climatiques passées – sont moins fiables. »

Pour le Nunatsiavut, l’avertissement est venu en 2009, dit Bell. « Cet hiver-là, il a plu en février (les températures normales oscillent autour de -30 C) et il y avait de la gadoue sur la glace. Les motoneiges restaient coincées et les gens passaient au travers. Les chasseurs ne pouvaient se déplacer, alors les familles ont manqué de nourriture. » Et pour couronner le tout, les eaux libres et le brouillard empêchaient les avions d’atterrir pour distribuer des vivres. Incapables de ramasser du bois, certains ont brûlé leurs meubles et leur perron pour tenter de rester au chaud.

Pour plusieurs, cet hiver était un avertissement – une fenêtre vers l’avenir – qui les a poussés à agir. Ils ont fait équipe avec l’Université Memorial, le gouvernement du Nunatsiavut et d’autres organisations pour trouver des moyens de s’adapter. « Notre objectif », dit Bell, « était de trouver une méthode simple et abordable pour améliorer les connaissances locales et repérer la glace mince avant que les gens ne se déplacent. » D’où SmartICE, un projet pilote destiné à développer la technologie nécessaire.

SmartICE utilise des détecteurs scellés dans des tubes de plastique flottants, placés à des endroits qui pourraient poser un danger selon les chasseurs locaux. « À l’automne, ils gèlent dans la glace et surveillent son épaisseur en mesurant la différence de température entre l’air au-dessus de la glace et l’eau en dessous », explique Bell. Les mesures sont transmises directement à un portail de données, un site Web où Joey Angnatok, spécialiste de la glace basé à Nain, peut les récupérer. Un autre détecteur a été placé sur un qamutiik (un traîneau inuit) pour mesurer l’épaisseur de la glace au fil des déplacements. « La technologie est fiable et conviviale pour la collectivité », ajoute Bell.

SmartICE est un prototype et l’objectif ultime est la production hebdomadaire de cartes illustrant là où la glace de mer est dangereuse pour que les Inuits puissent planifier leurs trajets par l’intégration des données des détecteurs, de l’imagerie satellite et des connaissances locales.

D’autres collectivités arctiques s’y intéressent. SmartICE sera bientôt mis à l’essai à Pond Inlet (Nunavut) où Andrew Arreak, coordonnateur local de la recherche formé par Angnatok, en sera le responsable. « Dans le Nord, le changement climatique a déjà cours et ce type de recherche active est nécessaire », dit Bell. « SmartICE suscite chez beaucoup de jeunes Inuits le désir de participer à cette initiative scientifique et à en maîtriser la technologie. Ce projet constitue l’occasion parfaite, car le concours des populations locales est essentiel. Nous voulons agir dans toutes les collectivités du Nord. Et les connaissances requises, plutôt que de venir du Sud, seront transmises par les Inuits d’une collectivité à l’autre. »

Voici le plus récent numéro d’une série de blogues portant sur les questions polaires et la recherche connexe présentée par Canadian Geographic et Savoir polaire Canada, un organisme du gouvernement du Canada qui vise à approfondir les connaissances du Canada relatives à l’Arctique et à fortifier le leadership canadien en ce qui concerne la technologie et la science polaires. Pour en apprendre davantage, visitez canada.ca/fr/savoir-polaire.
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